Pour mon premier voyage en Afrique, j'ai passé environ cinq semaines en Tanzanie et au Rwanda. Avant de partir, on m'a souvent demandé ce que j'allais faire là-bas. La réaction du douanier américain en disait long sur l'idée que bien des gens ont de l'Afrique.
- Vous allez où?
- En Tanzanie et au Rwanda
- Pourquoi?
- pour le fun
- pour le fun? qu'est-ce qu'il y a à faire là pour le plaisir?
J'ai trouvé ça un peu drôle. En Tanzanie, il y a l'île de Zanzibar, le Kilimanjaro, et plein de girafes, mon animal préféré depuis ma deuxième année de secondaire. Et le Rwanda, sincèrement, je sais pas trop ce qui m'attirait là, à part le fait qu'on m'avait dit que c'était joli.
Parc national de Tarangire
C'est l'fun l'Afrique. Les gens sont souriants et il y a plein de choses drôles dans les rues, comme par exemple des gens qui me parlent en swahili, moi qui ne suis pourtant pas très très noir.
Ce qui était nouveau pour moi, c'était les problèmes de sécurité. Moi qui suis habitué à me promener sans problème (quand tu passes à côté des gangs de rue au Japon, ils s'inclinent pour s'excuser d'avoir été dans ton chemin), l'Afrique de l'Est c'est autre chose. Quand, en Tanzanie, un gars de la place te dit de ne pas sortir après la tombée de la nuit parce que c'est trop dangereux, tu fais ce qu'il dit. Quand une employée d'hôtel te dit de prendre un taxi pour aller au resto qui est deux coins de rues plus loin, tu te poses des questions. Quand la gérante d'un bar te dit d'attendre ton taxi dans le stationnement parce que si tu l'attends dans la rue parce que tu risques de te faire attaquer, tu l'écoutes.
D'ailleurs, pour la première fois de ma vie, j'ai été victime d'un pickpocket, à Mwanza, dans l'ouest de la Tanzanie. Ce matin-là, Myoung et moi partions vers le Rwanda, et devions nous rendre à la station à 5h pour prendre notre autobus qui devait partir à 5h30. On arrive avant l'aube, mais la station est déjà bondée, et des centaines de personnes attendent des dizaines d'autobus. Quand notre autobus arrive enfin, à 7h du matin (T.I.A. comme ils disent) c'est un peu la cohue pour rentrer et prendre les places. Alors que je me dirige vers mon siège, un homme d'environ 50-60 ans part de l'arrière et se dirige vers la sortie. Alors qu'il passe à côté de moi, il me pique mon porte-feuille. Un vrai pro, je le jure, j'ai RIEN senti. Mais par un hasard incroyable, ou peut-être par instinct, après son passage je mets ma main sur ma poche, et la trouve vide. Je me retourne, et je vois l'homme presque arrivé à la sortie. Sans réfléchir, je saute vers l'avant, et tel un ninja, je lui fait la prise de l'ours ougandais, lui passant la main par-dessus l'épaule jusqu'à son ventre, l'immobilisant et le forçant à se pencher vers l'avant. Le vieux délinquant se met à crier et à pointer par terre en direction de mon porte-feuille qu'il venait de laisser tomber. Je pousse l'homme hors de l'autobus et me mets à l'insulter comme du poisson pourri. Et j'ai l'impression que les autres passagers se sont joints à moi, puisque de nombreuses personnes se sont mises à lui crier après aussi. Leçon de l'histoire: il faut toujours tenter de se faire voler par plus faible que soi.
Le Serengeti
Dans le nord du pays, on s'est payé un petit safari-camping de quatre jours. Même si j'adore le plein air, je déteste passionnément le camping, mais la formule camping était la moins chère et la plus authentique.
La deuxième nuit était la plus extraordinaire. Le campement était en plein milieu de la savanne. D'ailleurs, on nous avertissait très clairement de ne pas nous éloigner des tentes la nuit à cause des lions et autres animaux. La troisième nuit, deux gardes armés gardaient le campement. Juste derrière les toilettes du camp, un énorme éléphant mangeait tranquillement pendant des heures. Joli. Disons que quand t'as envie de pisser pendant la nuit, tu te retiens. Les lions, je préfère les voir de l'intérieur du 4X4.
Myoung et moi avons tenté l'ascension du Kilimanjaro, la plus haute montagne d'Afrique, son sommet étant à presque 6000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Je sais pas trop ce qui m'a pris d'essayer ça. Je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais j'aime vraiment pas le camping, et l'idée de passer quelques nuits en montagne dans une tente à -2000 degrés celcius ne m'attirait pas tant que ça. Et pas de douche. Je savais que ça serait difficile, mais quand j'ai su en plus que ça nous prendrait cinq jours pour atteindre le sommet (ainsi que deux jours pour redescendre) et qu'à chaque année des étrangers et porteurs meurent en tentant l'ascension, je me suis dit fuck, c'est du sérieux.
photos:
J'étais sérieusement sous-équipé, comme on peut voir sur la photo. Je n'avais pas de manteau, pas de bottes, pas de chapeau, et j'ai monté en jeans. Heureusement, la compagnie qui nous a fournis guide, cuisinier et porteur m'a aussi prêté quelques éléments essentiels.
J'ai commencé à avoir de sérieux doutes quant à mes chances d'atteindre le sommet lors de la troisième journée à mon arrivée au campement situé à 3900 mètres d'altitude. Il y a pas beaucoup d'oxygène par rapport au niveau de la mer, et tu le sens vraiment. J'étais facilement essouflé, et à mon arrivée au camp, j'ai commencé à souffrir de maux de tête. Et j'étais loin d'être le seul. En me promenant un peu dans le camp, j'ai vu d'autres randonneurs qui étaient mal en point. Je pensais vraiment que je ne quitterais pas le camp le lendemain matin. MAIS, après des oeufs bien gras le lendemain matin, je me suis senti assez bien pour continuer (quoi de mieux que de l'huile et de la graisse pour se remettre sur pieds?).
Ce qui est assez extraordinaire, c'est qu'on passe par cinq zones climatiques distinctes durant la montée. On commence dans une zone tropicale, alors qu'on finit au pôle nord avec des températures de -20.
Notre vaillante équipe de porteurs, bravant le froid à 4000 mètres
Vue de notre campement lors de la troisième nuit, à 3900 mètres. Un peu intimidante, cette montagne...
Après cinq jours d'ascension, on a atteint le sommet avec nos deux guides le matin du 4 août à 7 heures du matin. Fuck yeah.
Les six heures qu'ont duré l'ascension finale ont été les plus dures de ma vie. D'abord, on arrive la veille au camp Barafu vers 17-18 heures. Celui-ci est à 4700 mètres d'altitude, et on a à peine le temps de s'y acclimater. Vers 19-20h, on se couche, mais on dort à peine parce qu'il fait froid et qu'il n'y a pas assez d'oxygène. Je sens que ma tête est bizarre, que ça tourne pas rond là-dedans...
Vers minuit, on cogne à la "porte" de notre tente. Mon guide nous offre quelques biscuits secs, mais je fais réveiller notre cuisinier et lui demande de préparer des oeufs. Non mais, je vais pas monter 1200 mètres la nuit avec 2-3 biscuits secs dans l'estomac, tu te moques de moi, mon gros.
Je mange deux oeufs, et à minuit trente on commence l'ascension. Déjà, je suis crevé, il fait sérieusement froid, j'ai faim, et en plus on doit monter 1200 mètres à la noirceur totale, à la seule lueur de deux lampes de poches.
La vue au sommet est absolument incroyable. Pas pour la vue des environs, puisqu'une immense nappe de nuages entoure le sommet et empêche de voir quoie que ce soir. Le sommet lui-même est incroyable, avec ses glaciers immenses, son cratère et ses roches roses. Par contre, on a pas pris le temps de l'apprécier; une fois au sommet, je le jure, je n'avais qu'une seule idée, c'était de redescendre tout de suite et rejoindre la civilisation.
MOSHI
Après le Kilimanjaro, on s'entend qu'on avait besoin d'une bonne grosse journée de relaxation. On a terminé ça en beauté, dans un excellent bar, le Glacier, où le groupe local m'a même invité à monter sur scène pour jouer 4-5 chansons avec eux. Pas mal cool, merci les gars.
On voit clairement que je n'ai aucune idée de ce que je joue. Je regarde les accords joués par l'autre guitariste, et j'essaie de suivre...
À Kibuye, j'ai loué une moto et enfilé la veste des chauffeurs de moto-taxi au Rwanda. J'ai jamais autant attiré l'attention.
Barack Obama est très populaire en Afrique de l'est, son visage étant sur plein de sacs. La femme en vert n'est pas d'accord avec moi.
Diane Nkusi qui fait la promotion de son nouveau CD religieux, le très bien nommé "La folie de la foi".
1 commentaire:
Ben... Wow! T'es photos sont extraordinaires, et j'adore te lire! Merci de partager! Tu nous donne toujours le goût d'aller dans tous ces endroits que tu visites!
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