jeudi, novembre 12, 2009

Shanghai, sois gentille

Bon, ça fait longtemps, je sais, que je n’ai pas mis mon blog à jour, mais comme j’avais dit avant de venir dans l’Empire du milieu, il y a beaucoup de censure sur les internetS chinois. Dans des efforts visant à contrer les tentatives d’organiser des manifestations ou de critiquer le Parti Communiste, le gouvernement bloque l’accès à de nombreux sites populaires, comme Blogspot, Facebook, Youtube, Twitter, et des centaines d’autres.

J’ai donc fait un stage de deux mois à Shanghai, cette fois-ci pour un institut de recherche gouvernemental, le Shanghai Institutes for International Studies. Contrairement au travail que je faisais au Cambodge, qui ne plaisait pas trop au gouvernement, en Chine je travaillais indirectement pour le Parti communiste chinois, donc je pouvais vivre en toute quiétude...En gros, je faisais des recherches sur mon sujet de prédilection, le programme nucléaire de la Corée du Nord.


Le Shanghai Institute for International Studies
Comment c’est la vie à Shanghai ? Une ville de fous. C’est bien l’fun, mais faut être disons, patient et relaxe. J’ai entendu un jour un expat de longue date dire « pour survivre à Shanghai, tu dois devenir toi-même un trou de cul ». Je peux comprendre parfaitement ce qu’il veut dire. Le fait de vivre dans la plus grande ville de Chine (et l’une des plus populeuses du monde) avec plus de 20 millions d’habitants, dans un pays de 1,3 milliards d’habitants, ça rend les habitants…comment dire…un peu stressés ? Oui, un peu stressés et un tantinet agressifs. On peut pas les blâmer, sérieux. Quoique parfois, si je parlais un peu chinois, j’aurais envie de leur dire « Yo, chillax, le gros, on respire par le nez ».

Les Chinois semblent souvent agir entre eux de façon rude et agressive. Presque à tous les jours, je voyais des gens qui s’engueulent (ou semblent s’engueuler) dans la rue. Presque à chaque fois que je prenais l’autobus pour me rendre au boulot, le chauffeur invectivait absolument tout le monde dans la rue, les passagers se poussaient et s’impatientaient. Moi, là-dedans ? Moi, j’observais et ça m’amusait beaucoup. Pas le choix de prendre ça avec le sourire et de devenir (un tout petit peu) comme eux, sinon, comme dirait mon expat, tu survis pas longtemps. Faut pas croire non plus que les Chinois sont invivables. Ils sont souvent très sympathiques dans un contexte plus « relaxe », mais c’est en société, en groupe, lorsqu’ils travaillent ou vont travailler, qu’ils ne sont pas du monde, comme dirait Jean Perron. Le district Pudong de Shanghai
bouffe de rue nocturne
Coucher de soleil sur Shanghai
Mao, toujours aussi populaire

Certains traits culturels chinois sont assez particuliers. Par exemple, les Chinois, d’après ce que j’ai observé, sont d’une curiosité sans bornes. Un jour, par un joli dimanche ensoleillé, je me promenais à vélo pas trop loin de chez moi. Dans un moment classique d’égarement, alors que je regardais partout sauf devant moi, j’ai eu la bonne idée de foncer en plein dans une voiture stationnée dans la rue. Une Mercedes noire de l’année. Avec le chauffeur à l’intérieur. Vraiment pas fort. Le gars sort et se met à m’engueuler en chinois, après avoir constaté quelques nouvelles égratignures. Un Chinois fâché, ça fait peur. Je lui offre rapidement 50 yuan (8$) et j’essaie de me sauver à l’anglaise. Rien à faire, le gars agrippe mon vélo solidement. Il continue à m’engueuler tout en faisant des appels sur son mobile. Vingt minutes après, alors qu’on attendait toujours ses « renforts », il y avait maintenant dix personnes autour de nous, formant une grappe.

Trente minutes après, la police arrive, et maintenant il y a VINGT personnes autour de moi. Tout le monde me parle en chinois, et j’essaie de mimer au policier qu’un piéton m’avait coupé et ainsi fait perdre le contrôle, bullshit évidemment. On me fait comprendre que je dois payer pour ma faute. Ouch, je m’imagine déjà en prison, devant faire une séance d’auto-critique. Finalement, un jeune dans la vingtaine, mon sauveur, se joint au groupe et se met à traduire en anglais pour moi. Puis soudainement, après un intense conciliabule auquel j’assiste impuissant et incompris, mon sauveur me dit « OK, c’est bon, va t’en, t’es pas obligé de payer. » Quoi ? J’ai pas posé de question, j’ai enfourché joyeusement mon vieux vélo clinquant, et je suis rentré tout souriant chez moi. En regardant bien devant moi bien sûr. Morale de l’histoire, en Chine,  t’es mieux de ne pas attirer l’attention, parce que le monde attire le monde. Et dans un pays de plus d’un milliard de personnes, ça fait du monde.

Que vaut l’attroupement sur cette photo ? Une partie de cartes…pas une farce, j’ai bien vu une partie de cartes…ouf, ça devait être une partie de bullshit endiablée. C'est ça, la curiosité des Chinois. J'adore Shanghai.

Je vous laisse avec des photos, de Shanghai et d'ailleurs en Chine.




L’appartement dans lequel j’ai vécu pendant le premier mois. J’ai demandé à mes collègues ce qui était écrit sur la bannière rouge, et comme je le pensais, il est écrit « Le Parti Communiste Chinois souhaite la plus cordiale bienvenue au grand camarade révolutionnaire Hardy ». Que c’est gentil, merci PCC.
La concession française, Xuhui, le quartier où j'habitais pendant le premier mois
Le quartier Xuhui


Les deux plus haut gratte-ciels de Shanghai


Dans le bar du 2e plus haut gratte-ciel au monde, quelque part au 88e étage

QIBAO
À Qibao, près de Shanghai, en "sortie parascolaire" avec mes étudiants de l'institut, à qui je donnais un séminaire à chaque semaine




NANJING

EN BATEAU SUR LE YANGTZE

Pendant la semaine de vacances pour le 60e anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine, j’ai vogué sur le mythique fleuve Yangtze. J’ai acheté un billet pour une promenade en bateau dans lequel se trouvaient 299 Chinois, et un blanc, moi. Drôle d'idée. Alors que j’essayais d’apprécier les magnifiques paysages, j’ai passé deux heures à me faire prendre en photos avec des Chinois, et à jouer au prof d’anglais. On a aussi pris beaucoup de photos de moi « à mon insu », avec la fameuse tactique je-fais-semblant-de-prendre-une-photo-de-ma-mère-à-côté-du-blanc-mais-en-réalité-je-prends-une-photo-du-blanc. Ouf, subtil, bonhomme.


EXPÉRIMENTATION CULINAIRE (PART 5)

À Beijing, j'ai trouvé des jolies brochettes de scorpions, avec quatre bêtes par bâton. J'ai pas pu résister, et heureusement, car c'était pas si mal.


Benoit

1 commentaire:

Petite-Fleure a dit...

Ah Benoit! Comme je me suis ennuyée de lire tes aventures !!! Quelle joie quand j'ai ouvert mes mails ce matin!!! Et tu es vraiment mon idole côté bouffe étrange ! My god! yaaaarrrrkkk!!! hihi! Tes photos sont magnifiques !

Mais là, où es-tu rendu ? De retour à Montréal ? Toujours en Asie??? Ou ailleurs!!!!

Ciao
Biz